Pourquoi ce titre ? Une explication de texte s’impose, non ? Le gouvernement a interdit aux Argentins de changer plus de 20% de leur revenu mensuel en une autre monnaie que le pesos argentin. Par conséquent ils sont tous très friands de dollars US, d’euros aussi, et nous sommes même sollicités dans les rues par des intermédiaires de change. Hôtels, excursions, chauffeurs, guides… tous sont intéressés ce qui nous aura permis quelques économies !

De faite, nous poursuivons notre descente vers le sud de l’Argentine, non sans faire une longue pause à Buenos Aires, capitale et ville la plus peuplée du pays avec plus de 3 millions de « Porteños », littéralement « les habitants du port ». L’agglomération, elle, regroupe 16 millions de personnes soit 1/3 de la population du pays.

Notre quartier ? San Telmo, à l’ouest de la ville, un des plus anciens de Buenos Aires. On y trouve d’anciennes maisons coloniales, des rues pittoresques et pavées. Le quartier a été la source d’inspiration pour beaucoup d’artistes. De nos jours du fait de ses restaurants, de ses places et ses boutiques d’antiquaires, San Telmo représente un des lieux les plus fréquentés de la ville.

Notre première journée sera largement perturbée par la pluie laquelle provoque des inondations dans certaines parties de la ville et de nombreux accidents et drames. Nous trouverons un vaste centre commercial pour abriter notre errance puis un cinéma avec, heureusement, un film d’animation à l’affiche !
La pluie est derrière nous, et c’est avec le soleil que Sergio, guide francophone, vient nous chercher ce matin, direction la Boca qui était le port naturel de Buenos Aires, un quartier pauvre, aujourd’hui pittoresque, célèbre pour ses façades colorées : les marins qui vivaient ici récupéraient les restes des peintures utilisées pour la rénovation des bateaux, pas de quoi peindre une maison complète… D’où ce patchwork.

Le Tango a été créé ici. C’est tout d’abord une danse qui se pratique entre hommes… par manque de femmes !
Puis les prostitués arriveront et deviendront les cavalières. A cette époque le tango est « vulgaire » aux yeux de beaucoup d’Argentins, il passera au hasard des bateaux par Paris et le Japon puis reviendra en triomphe à Buenos Aires qui se l’appropriera définitivement.


La Boca aime les figurines, celles-ci représentent 3 piliers du pays : Le foot – ici une vraie religion – avec Maradona ; Evita Peron dont nous reparlerons plus bas ; et le tango avec la représentation de Carlos Garden. A droite une autre caractéristique assez étonnante de l’Argentine : des personnages populaires élevés au rang de Saints par la population -ici Gauchito Gill – … d’où le grand embarras de l’église ! On trouve des offrandes à Gauchito Gill sur les routes du pays car « récupéré » par les voyageurs de commerces : tissu rouge, fleurs, amulettes mais aussi pièces détachées automobiles…


Dans la boca nous retrouvons aussi des maisons conservées telles qu’à l’époque. Les 2 portes d’accès sur la rue vont l’une en haut, l’autre autre rez de chaussé.
Ce quartier, largement touristique (en journée seulement, trop risqué le soir venu) est également connu pour son club de foot -La Boca- et son joueur vedette, Maradona, toujours un demi-dieu ici. Vous remarquez sur la photo ? Coca-cola est inscrit en blanc sur fond noir… Car les ennemis jurés du club de La Boca ont des maillots rouge et blanc, inconcevable donc d’afficher leurs couleurs, et ils ont fait plier Coca!


Les empreintes de pieds des joueurs sont imprimés dans le trottoir devant le stade. Celle de Maradona ,elle, n’y est plus… volée par 2 fois !
Un dernier clin d’oeil au foot avec cette histoire : les joueurs de La Boca sont en bleu et jaune, mais ça n’a pas toujours été le cas ! En noir et blanc à leurs débuts, tout comme une autre équipe, ils ont joué leurs couleurs et perdu le match… Ce sont les couleurs du drapeau du premier bateau entrant au port qu’ils ont choisies pour leurs futurs maillots, en l’occurrence les couleurs de la Suède.
En bus et à vive allure (les chauffeurs de bus et de taxis sont ici aussi des intouchables, ils conduisent comme des malades faisant chaque mois des morts, 3 en moyenne sans que personne n’aille en prison), Sergio nous emmène découvrir la Plaza de Mayo – Place de Mai – la plus renommée de Buenos Aires. Près de la place se trouvent les monuments les plus marquants de la ville, et les points d´intérêt touristiques, comme la cathédrale, la banque de la Nation, et surtout la « maison rose », le palais présidentiel.

L’expression politique ici est « démonstrative » dans cette jeune démocratie (30 ans ) !

C’est la place sur laquelle argentins se retrouvent pour manifester leur mécontentement contre le gouvernement, mais aussi où, depuis 1977, tous les jeudis, les fameuses « Madres de la Plaza de Mayo » (Mères de la Place de Mai) se réunissent pour réclamer la vérité sur les atrocités commises sous la dictature de Videla (1976-1983) et se souvenir de leurs fils disparus pendant la « Guerra Sucia » (Guerre Sale). Les opposants au régime disparaissaient une bonne fois pour toute, ils étaient enfermés dans des camps de travaux forcés de type goulags, et on n´en entendait plus parler. Il y a eu ainsi plus de 30 000 morts dont beaucoup ont été jetés vivants à la mer par des avions militaires, le tout avec la bénédiction de l’église !

Une fresque de rue représentant « los Madres de la Plaza de Mayo » qui malgré leur âge (+/- 80 ans) continuent à vouloir la vérité
La vie est trépidante ici, les manifestations sont pour le moins fréquentes (3 par semaine en moyenne), peu ou pas réprimées. Des grilles anti-émeutes protègent en permanence le Palais, pour autant la sécurité se fait très discrète, pas de paranoïa ici ! Sur cette même place, depuis 4 ans maintenant (!), des soldats (en grève de la faim depuis peu) revendiquent le droit à une pension les dédommageant pour leur engagement… Si cette pension existe belle et bien, elle est versée aux hommes ayant combattu, à la différence de ceux qui occupent la place qui n’ont pas quitté les casernes ou bureaux !!

Autour de cette place, outre les bâtiments réalisés par des architectes français (pour un peu on se croirait dans les rues de Paris), la cathédrale a, entre autres particularités, celle d’abriter dans la mausolée construite en 1880 par le sculpteur français Carrier Belleuse, les restes de José de San Martín (un militaire !!!) qui a libéré les pays d’Amérique du Sud du joug espagnol Le monument, qui rend hommage à ce héros national, est veillé par des grenadiers en armes de l’armée argentine.

Cette représentation du Christ, pour le moins surprenante, debout, en habit de velours rouge, est celle offerte par les joueurs de foot. Décidément, l’Eglise ici est faite d’arrangements pour peu qu’il y ai de l’argent …

Nos pas nous mènent dans le très chic quartier de San Nicolas non sans entrer dans ce très joli passage où Antoine de Saint Exupéry a vécu 2 années…

… et jeter un œil à ce remarquable théâtre où se produisent des danseurs de Tango.

Dans ce quartier de la ville ont été construites les plus belles demeures, des palais à la française des plus riches familles se faisant même concurrence. L’histoire, la petite et la grande, racontée par Sergio a nourri toute notre ballade, passionnant et enrichissant.

Encore quelques rues et toujours plus de détails sur Buenos Aires et ceux qui y ont vécu (une riche veuve hébergeant le futur Pape Pie VI, Carlos Gardel – le « Pape »du Tango…) et nous parvenons au célèbre cimetière de la Recoleta situé sur un terrain de cinq hectares environ. la valeur de son architecture et de son histoire font de cet endroit l’un des cimetières les plus importants du monde avec le Père Lachaise et le Staglieno de Gêne. Autre curiosité : il y est interdit d’enterrer les cadavres ?! De fait, les cercueils ne sont pas ensevelis mais « exposés » dans ou sous les mausolées.


La position de l’église est assez « étonnante », à gauche Mère Térésa élevée au rang de Sainte (déjà) ; sur la photo de droite, à gauche de cette représentation du Christ, Josémaria Escriva de Balaguer, fondateur de l’Opus Déi !!!


Dans ce cimetière nous retrouvons aussi le tombeaux des dictateurs.
La tombe qui attire le plus de visiteurs est bien évidemment celle d’Evita. Si la vie et le rôle qu’a joué Eva Peron, épouse du Président Juan Peron, auprès du peuple argentin, et particulièrement aux côtés des plus déshérités, sont bien connus, les péripéties qu’a connues sa dépouille le sont beaucoup moins : lorsqu’elle décède à 33 ans, son corps est embaumé et exposé jusqu’à ce que son mari soit chassé du pouvoir trois ans plus tard, en 1955, par un coup d’État. Son corps est alors transporté en secret à Milan puis enterré sous une fausse identité. Seuls le Pape de l’époque (puis ses successeurs) et deux colonels de l’agence de renseignement SIE ainsi qu’un prêtre connaissent la localisation exacte de sa dépouille. Trois autres personnes, dont le militaire putschiste argentin, Pedro Eugenio Aramburu, président autoproclamé de l’Argentine entre 1955 et 1958 et le général argentin Alejandro Agustín Lanusse qui occupera la présidence entre 1971 et 1973, savent que la « première dame du pays » est enterrée quelque part en Italie.

Le tombeau d’Eva Péron.
Lorsqu’Aramburu est enlevé en 1970, il avoue, avant d’être condamné à mort pour son rôle dans le coup d’État de 1955, qu’Evita repose en Italie. En 1971, Lanusse accepte de rendre la dépouille d’Evita à Juan et Isabel Perón (la troisième épouse de celui-ci) à Madrid. À la mort de Juan en 1974, Isabel prend le pouvoir et pour la contraindre à restituer le corps, les Montoneros (opposants) enlèvent la dépouille d’Aramburu. Eva est alors ramenée en Argentine, brièvement exposée au public et enfin inhumée en 1976 au cimetière de la Recoleta, 24 ans après son décès !! Avouons-le, la petite histoire se mêle à la grande donnant envie d’en connaître plus sur le pays…
Dans le bâtiment d’entrée du cimetière se tient un Christ remarquablement réalisé, en marbre, et dont la posture interpelle : la tête baissée, les yeux semblent fermés, mais seulement en se tenant à distance car ses yeux sont en fait ouverts… « Pour comprendre la souffrance du Christ, il faut s’approcher de lui », voici l’intitulé de cette représentation saisissante.

A l’issu de cette visite, forts des conseils de Sergio, nos chemins se séparent. Notre guide franco/argentin, parfaitement francophone (car longtemps parisien) a su nous montrer les dessus et dessous de cette ville mêlant aux faits historiques la vie des Portenos d’aujourd’hui et d’hier. Remarquable, captivant, éloquent… Votez Sergio !!

Sergio, notre super guide : http://www.sergiobuenosaires.com/. Sergio, nous espérons que nos transcriptions de quelques unes des histoires que tu nous a racontées ne contiennent pas trop inexactitudes !
Nous sommes mercredi et prenons la direction d’une estancia, un ranch argentin où les Gauchos – prononcer Gaoucho – (les cowboys locaux) élèvent des chevaux. La propriété, détenue par une famille, se situe à 115 kms de la ville de Buenos Aires. Lorsque nous arrivons, les Gauchos se tiennent autour du feu, préparant la braise, disposant les viandes pour la parrilla (un barbecue de 7 viandes), buvant le maté qui est une infusion consommée en Amérique du Sud : l’herbe est mise à infuser dans une sorte de calebasse, appelée aussi maté, et on boit par l’intermédiaire d’une petite pipette en métal équipée d’un filtre qui empêche l’herbe de remonter. Ce dispositif permettrait même de boire à cheval !


La parrilla, le BBQ local… une institution !
Pendant des siècles, les Gauchos étaient le symbole de la liberté et ces hommes ont des personnalités affirmées, ils sont fiers et imposent le respect. Pour autant ils nous accueillent avec gentillesse et disponibilité.

Le maté se partage …
Arthur et Maëlle trépignent : « quand est-ce que l’on monte à cheval ? ». Les Gauchos nous choisissent pour chacun une monture, Maëlle ayant un cheval aussi grand que celui de son père, Arthur et Servane, eux, sont sur des doubles-poneys, mais c’est en connaissance de cause, le cheval de Maëlle est une crème ! Sous-bois, prairie, chemins… L’estancia est vaste et la promenade trop courte. Frustrant. Mais nous aurons le plaisir de réitérer en fin de journée. Sympa.

Servane, qui à les 2 pieds qui touchent presque par terre, s’exerce au salut de Princesse !
Allez, à cheval : >> ici <<
Nous sommes rejoints par 2 autres groupes de visiteurs, des Suédois et des Américains dont un couple de New-Yorkais très ouvert et attachant. Après le déjeuner à l’ombre des arbres, les Gauchos nous font découvrir leur musique, emprunte de nostalgie.

Extrait 1 >> ici << – Extrait 2 >> ici << – Et quelques pas de danse >> ici <<

Puis c’est à cheval qu’ils exercent leurs talents, polo, horse-ball, boleadoras, dressage… voyez plutôt :

Exercice d’habileté : passer un doigt dans un anneau fixé, le tout au galop : >> ici <<
Entrainement des chevaux pour le polo : >> ici <<
Les enfants se piquent au jeu :

Et Alexandre aussi … avec moins de succès mais persévérance (après une dizaine de tentatives, le cheval a demandé grâce !!)
>> ici << Pourtant j’y arrivais avant… quand j’étais…
Nous rentrons ravis de cette rencontre avec l’Argentine des grands espaces, celle qui vit du cheval (et maintenant aussi pas mal du tourisme).
Ce jeudi, plus calme, va permettre de travailler, certes, mais aussi de profiter du quartier, en allant déjeuner sur la ravissante place de San Telmo où des couples de danseurs se produisent.

Comme si vous y étiez >> ici <<.

A quelques pas, un passage menant à un marché couvert, le Mercado de San Telmo. Il est abrité par une structure singulière en fer et ses toits sont vitrifiés. De nos jours, on y trouve essentiellement une grande variété d’objets anciens et hors du commun (siphons, poupées, vaisselle, couverts, disques vinyles…) ainsi que quelques postes qui vendent de l’alimentation (fruits, légumes et viande). L’occasion de penser tout particulièrement à quelques amies dont notre Déborah…



En fin de journée nous filons à Puerto Madero où l’expression « entre tradition et modernité » trouve tout son sens. D’un regard, on passe du puente de la Mujer (le pont de la Femme), construit par l’architecte espagnol Calatrava en 2001, à la frégate Presidente Sarmiento, premier bateau-école de la marine argentine (construit en 1897), transformée en musée.




La viande est excellente en Argentine; petit clin d’oeil à Daniel H. qui m’avait fait découvrir ce restaurant !
A l’ouest du centre ville de Buenos Aires, le Parana se jette dans le Rio de la Plata par un immense delta. Dans ce quartier, appelé « el Tigre », nous nous y rendons en train, hors d’âge, puis louons un bateau-taxi : tout le trafic se fait par bateau, depuis les bateaux de commerçants ambulants jusqu’au bateaux-bus ramenant les enfants de l’école. Ce qui fait le charme du Tigre ? Ses jolies petites maisons traditionnelles construites sur pilotis, qui jouxtent des maisons d’architecte, les petits sentiers, les chiens qui traînent sous le soleil et le calme. Chaque maison a son propre point d’embarcadère. Ici, le temps n’a pas d’emprise nous savourons…




Pour un petit tour en bateau : >> ici <<

A gauche, le supermarché flottant et itinérant. A droite l’école et son « school bus » version bateau.

Malheureusement des dizaines d’épaves infestent certains endroits.
Le Tigre est très particulièrement apprécié des Portenos aisés qui y possèdent une résidence secondaire, traversant le delta dans leurs vedettes ou voiliers… Très jet-set !!

Les plaisanciers viennent mouiller ici.

Au loin on aperçoit Buenos Aires. Le lieu est tellement « couru » qu’on y trouve même de la pub !

Samedi, notre semaine à Buenos Aires s’achève non sans honorer notre gage, danser le tango, un challenge qui s’avérera familial…

Nous retrouvons nos professeurs dans un appartement de San Telmo où règne une ambiance incroyable !
Tout le monde s’y met ; quelques extraits : >> ici << et >> là<< . Un grand bonheur !
Nous profitons du peu de temps qu’il nous reste pour visiter la Casa Rosada, le lieu de résidence de l’actuelle Présidente de la Nation argentine, Cristina Elisabet Fernandez de Kirchner par deux fois élue.

L’origine du palais présidentiel argentin date de 1594 où il était une forteresse royale. En 1850, le bâtiment fut partiellement détruit pour devenir un nouveau palais des douanes puis le palais du gouvernement. C’est dans les années 1870 que le palais fut peint en rose. En 1878, le Palais des Postes fut rajouté et relié au palais. C’est au balcon de la façade principale que le couple Perón (Juan et Evita Perón) faisait ses discours aux foules qui se tenaient sur la Plaza de Mayo.

Très intéressant à visiter car sous les ores du palais, beaucoup de petits dysfonctionnements se révèlent à nous au court de la visite. Un bon reflet de l’organisation de ses institutions ? A droite une tenture offerte par la France pour le centenaire de l’indépendance de l’Argentine.


Ici aussi les portraits d’Evita sont partout.
Dans le sous-sol du bâtiment, se trouve le Museo de la Casa Gobierno, crée en 1957. Il présente les différents présidents argentins à travers des objets personnels et officiels. Cette visite permet de connaître un peu plus de l’histoire mouvementée de l’Argentine (enfin, c’est surtout vrai lorsque l’on maîtrise l’espagnol !!)

Nous regagnons, à la hâte, notre logement. Le temps de nous changer et dans quelques heures nous serons à Punta Arenas, en patagonie chilienne.
Les inclassables :

Concours de « parle à ma main » !

Ici tout le monde est discipliné en attendant le bus ou le train. Une belle leçon de savoir vivre pour nous !

Les bombes de peinture sont utilisées lors des manifestations pour badigeonner les façades des bâtiments des opposants. Même sur les églises ! Ce message tout frais sur la cathédrale n’est pas encore tout à fait effacé et c’est … sans ambiguïté !

Nous sommes devant un commissariat de police et au moins 4 voitures d’intervention sont crevées, sans les roues ou même à l’état d’épave !

La moto : moyen de transport idéal pour les familles nombreuses ou … les débroussailleuses !

La sécurité progresse : attention, ne pas passer en dessous !