Le sous-titre pourrait-être : l’opportunisme indien a-t-il une limite ? Ou plus diplomatiquement : à l’échelle de l’Inde, le touriste étranger est un modèle de savoir-vivre et de propreté. Bon ça balance pas mal, mais là, ils nous tapent un peu sur le système à pratiquer des tarifs exorbitants au restaurant (on mange ici pour plus cher que n’importe où en Asie alors que rapporté au niveau de vie, c’est une aberration), à vouloir nous vendre tout et n’importe quoi à peine est-on sortis de la voiture, à pratiquer des tarifs prohibitifs pour les entrées de monuments, etc. Bref, ça suffa comme ci ! Ça ne change rien, mais ça soulage un peu de pouvoir le dire…
Notre destination pour ce 8 mai, c’est Udaipur, à 260 km de Jodhpur (une promenade de santé), mais c’est sans compter sur cette digression vers temple d’Adinath à Ranakpur.
C’est le plus imposant temple jaïn d’Inde, construit au XVe siècle durant près de 50 ans, époustouflant par son raffinement et sa richesse décorative. C’est un labyrinthe de 1444 colonnes et piliers de marbre dans lequel nous déambulons, guidés par le moine jaïn maître des lieux, le gardien des clefs.
Une prière par le moine jaïn >> ici <<, rien que pour vous !
Mais quèsaco le jaïnisme ??? J’éclaire votre lanterne : fondé à la même époque que le bouddhisme, le jaïnisme repose sur les mêmes principes et a été créé en réaction au système de castes et aux rites de l’hindouisme. Le principe de non-violence est l’un des fondements. Ainsi, aussi amusant que cela puisse paraître, certains moines jaïns portent toujours un balai pour écarter de leur chemin toute créature vivante sur laquelle ils pourraient marcher. D’autres portent aussi un tissu sur la bouche pour éviter d’inhaler par mégarde un insecte. Les jaïns se tiennent également éloignés des activités rurales qui par leur nature entrainent la disparition d’êtres vivants. Ce sont également de purs végétariens : aucun produits et sous-produits animaux (lait, beurre, œufs), pas de racines et tubercules non plus (le fait de remuer la terre pouvant blesser les insectes). Ils mangent ce qui pousse donc au-dessus de la terre et qui soit strictement végétal… Je vous livre la version édulcorée, et je me demande comment ils ont fait pour construire ce temple en ne condamnant aucune bestiole ???
La visite passée, nous nous élevons progressivement au milieu de la chaîne des Arawalli, une nature certes plus généreuse que le désert mais dont la population vit dans une extrême pauvreté, éloignée, oubliée.
Plus loin, sur le chemin, Maëlle s’essaie à la poterie >> ici <<.
Nous faisons aussi la rencontre de cet homme qui, à l’aide de ses 2 vaches, permet l’irrigation de son champ en contre-bas.
En vidéo >> ici << avec Arthur !
Comme avec la plupart des Indiens que nous rencontrons, l’argent est le seul moteur de la relation! Jamais nous n’avons donné autant de « tip » (pouboire), rien n’est jamais gratuit, même pas le passage aux toilettes des restaurants !… Nous donnons aux porteurs de valises, aux guides (en plus de la rémunération), aux locaux pour les photos, à celui qui nous tend la serviette aux toilettes, aux serveurs, au réceptionniste de l’hôtel (plus rare, mais rencontré), aux danseurs et musiciens… Ce doit être culturel ?! Les enfants naissent avec la main tendue, non ? Et le sourire ou le merci en retour sont quasi-absents. On a du mal à digérer.
Le « Singe des temples », parce qu’il accompagne souvent les pèlerins durant leurs voyages.
Udaipur où nous arrivons dans l’après-midi est située à 577 m d’altitude. C’est la cité la plus romantique du Rajasthan. Des bâtiments blancs élaborés bordent la lac Pichola, au milieu duquel émerge le fabuleux Lake Palace. Entourée de lacs (la plupart artificiels, voilà des Maharadjas qui ont été inspirés !!) et cernés par les luxuriantes collines d’Aravalis, c’est une ville blanche et brillante du marbre qui l’a construite.
Le Palais de la ville (The City Palace) est une merveille architecturale. Surplombant le lac, le palais, orné de balcons et de jardins suspendus, il est entouré de remparts. Bien que les bâtiments fussent édifiés par divers maharajas, le palais conserve une surprenante unité de style. Il n’est certes pas le plus beau palais que nous avons visité, mais il est connu pour être le plus grand. Une partie, plus récente, abrite toujours le Maharadja et sa famille, 2 filles mariées et un prince de 28 ans célibataire. Un cœur à prendre.
Le Palais du Lac (The Lake Palace) a lui été fondé en 1568 par le Maharana Udai Singh, servant alors de «résidence d’été » pour les pique-niques de la famille royale, il a été transformé en hôtel, un palace romantique.
Découverte du lac en bateau >> ici <<
Le Jagdish Temple que nous visitons est un monument vishnouïste du XVIIe siècle (1624). L’édifice est sculpté de toutes parts de figures divines, de danseurs, de frises variées et de quelques poses du Kama Sutra. On dénombre autour du Jagdish Temple quatre templions dédiés à Shiva, Ganesh, Durga et au Soleil. À l’intérieur, colonnes ciselées, chapiteaux et images divines émerveillent.
Après le déjeuner passé avec Krishna, notre guide francophone, c’est au charmant « jardin des demoiselles », Saheliyon ki Bari, que nous allons digérer. Dessiné au début du 18e s. pour les dames de la cour et réaménagé à la fin 19ème siècle, il s’orne de bassins animés par des jeux d’eau.
Le lendemain, il nous faudra 7 heures de transport pour atteindre Jaipur, capitale du Rajasthan, fondée au XVIIIe siècle. Interminable journée. Plus encore pour Shakeel , notre chauffeur, qui finit éreinté. La route est une épreuve digne de Fear Factor.
Conduire ici est une véritable gageure lorsqu’on l’analyse avec notre culture. En plus des vaches, des chameaux, des chiens… on croisent des piétons partout et dans tous les sens, des vélos, des motos dont il est difficile de compter le nombre de passagers, des camions pleins à craquer (cf ci-dessus) et des véhicules en permanence à contre-sens y compris sur les « Highways »!
Construite à l’intérieur de hauts remparts, Jaipur tire son nom de son fondateur Jai Singh II. Mais c’est Ram Singh II, éduqué par un major anglais et nourri d’idées progressives et libérales, qui va faire sortir Jaipur de l’ère médiévale en apportant le chemin de fer, la poste, le télégraphe et l’éclairage au gaz. Il construit des écoles, des hôpitaux. C’est aussi lui qui, en 1876, fait repeindre toute la ville en rose lors de la visite du prince de Galles, d’où son surnom actuel de « ville rose ». Néanmoins, la circulation automobile, y est infernale comme dans le reste de l’Inde.
Le soir dans notre hôtel digne d’un palais des 1001 nuits, nous assistons aux danses locales >> ici <<
Ce samedi 11 mai, nous découvrons le fort d’Amber à 10 km au nord-est de Jaipur, et siège originel du pouvoir royal. La forteresse d’Amber, depuis le XII° siècle, était la citadelle des Kachwahas et est restée leur capitale jusqu’à ce que le maharaja Sawai Jai Singh II la transfère à Jaipur en 1727.
Le matin et en milieu d’après-midi, de nombreux éléphants gravissent inlassablement la rampe d’accès principale pour faire gagner l’édifice aux touristes. Nous tenterons l’expérience, le pas chaloupé de notre pachyderme nous menant jusqu’à la Suraj Pol (porte du soleil), imposante porte d’accès qui ouvre sur la cour d’accueil.
Plus que des femelles désormais… trop de morts chez les touristes et les « soigneurs » dus aux affrontement des mâles !
Et une petite dédicace des enfants pour Adeline >> ici << !
On parcourt plusieurs pièces remarquables par leurs décorations murales : le Sheesh Mahal, orné, du sol au plafond, de mosaïques de verres colorés et de bris de miroir, le Diwan-i-Khas (hall des audiences privées)…
Vient la visite au City Palace (ou Chandra Mahal). C’est une grande structure de 7 étages dont certaines parties sont utilisées par l’actuel Maharaja, âgé de 14 ans, et sa famille. Le reste, abrite un musée, des salles d’audience et des cours aux portes richement décorées. Sont également exposées les 2 énormes jarres d’argent que Madho Singh II transporta à londres en 1901, remplies d’eau sacrée du Gange (elles pèseraient 2500 kg et contiendraient 8000 litres, à elle-deux !).
Une curiosité que ce Palais des Vents (ou Hawa Mahal) en rénovation : il a uniquement l’apparence d’une façade de grès rose. Il s’agit en fait d’un palais du zenana (l’équivalent hindou du harem) destiné aux femmes de la cour, qui, des petites fenêtres treillagées finement sculptées, pouvaient regarder le spectacle de la rue sans crainte d’être vues. Sa façade de 5 étages est ornée de 61 loggias aérées, en pierre ajourée, et ciselée de 953 niches (nous n’avons pas recompté) qui semblent se multiplier pour former un ensemble à la symétrie parfaite.
Le hawah-mahal en rénovation.
Depuis notre arrivée en Inde, Servane et Maëlle on très envie de tenter l’expérience du henné et se faire tatouer provisoirement une main. C’est donc chose faite, une réalisation à la vitesse de la lumière !
En vidéo >> ici << pour Servane ; >> là << pour Maëlle !
Nous laissons derrière nous le Rajasthan en direction de la ville d’Agra, donnée pour avoir été l’une des plus belles cités de l’empire moghol. Elle est devenue une destination touristique extrêmement importante en raison de la présence du Taj-Mahal.
Nous nous arrêtons en plein zénith sur le site de Fatehpur Sikri.
Ce pilier symbolise la réunion des religions : Musulmane, Hindou, Chrétienne, Bouddhiste.
Encore une heure de route et nous parvenons à la remarquable preuve d’amour qu’est le palais du Taj Mahal, en fait la tombe de l’épouse du sultan Shah Jahan, morte en couches. Il aura fallu 22 ans de travaux pour faire jaillir du sol, entre 1630 et 1652, ses murs de marbre blanc, ses quatre minarets élancés, son dôme entouré de quatre kiosques. Nous « apprivoisons » la première des 7 nouvelles merveilles mondiales de l’Unesco en compagnie de notre guide : parcourons les allées du jardin à la moghol, nous arrêtons à mi-chemin pour admirer, puis nous approchons pour contempler, en détail, les fines ciselures de marbre et les incrustations de pierres précieuses…
L’entrée dans le Taj, puis la porte…
Incontestablement, le Taj Mahal est aussi beau de près que de loin !
C’est d’une bien singulière manière que nous l’avons visité puisque balayé soudainement par un vent violent qui faisait tomber les barrières, de grosses gouttes de pluie qui traversaient le feuillage et un ciel brutalement assombri. Un petit aperçu >> ici <<
Petite journée pour les visites ce dimanche, soit environ 13 à 15 000 visiteurs (essentiellement des Indiens en vacances) contre plus de 50 000 les jours d’affluence…
Les 4 minarets sont inclinés de 2,5° vers l’extérieur pour ne pas tomber sur le Taj en cas de tremblement de terre.
En traversant Agra, à 200 km de la vaste et peuplée Delhi (22 millions d’habitants), on sent combien cette ville , ouverte à un tourisme plus massif, tend vers la modernité. Les détritus jonchent toujours la moindre route, le plus petit recoin, mais les hôtels, les commerces, la circulation même sont des esquisses de cette Inde pas encore entrée dans le 21ème siècle, mais qui s’y emploie, à sa façon.
13 mai. Retour dans la capitale de l’Inde, New Delhi, qui doit sa création à George V, roi du Royaume-Uni. A l’occasion d’une visite en Inde en 1911, ce dernier décida de faire construire une nouvelle ville à Delhi. L’achèvement du projet se concrétisa en 1931. L’empreinte britannique est donc bien présente.
Grandes avenues, bâtiments imposants … C’est le New Delhi !
En revanche, certains monuments à New Delhi datent de bien plus longtemps que la domination anglaise : remontant au XIIIe siècle, le complexe du Qûtb Minâr, un minaret de 72,5 mètres de haut trahit ainsi le style indo-musulman des XIIIe et XIVe siècle. C’est le plus haut minaret connu en Asie. Un ouvrage incroyablement ouvragé.
Nous ne résistons pas au plaisir d’aller découvrir les shopping-mall qui rassemblent, comme partout, les plus grandes marques internationales, et sommes guidés, toujours par Shakeel, vers le quartier des ambassades, celui des ministère et du palais royal, sans oublier l’Indian gate, un monument aux morts commémorant la perte de soldats indiens et britanniques.
Au loin, le Palais Présidentiel et ses 350 chambres. Voici la voiture officielle pour les hauts fonctionnaires.
Des gardes du quartier en plein boulot pour surveiller tout ça !
Sur la rivière les teinturiers contrastes.
Un dernier petit tour au Musée National qui est le plus grand musée de l’Inde en termes de nombre de collections et d’expositions couvrant plus de 5.000 ans de culture et d’histoire indienne. Bon, ça ne passionne pas tout le monde…
Notre escale indienne s’achève et nous partons relativement peu enthousiastes… et pas ce pour quoi on nous avait forcément mis en garde (pauvreté, mendicité…). Nous ne nous sommes pas sentis les bienvenus au sein d’une population dont nous avons le sentiment qu’elle ne voit que l’aspect pécuniaire de la relation : touriste = vache à lait. Nous avons quotidiennement payé des entrées de musées, temples, forts, palais, 30 fois le prix des locaux ce qui représente vite un gouffre. Jamais nous n’aurons établi aussi peu de contacts et nous sommes las d’avoir dû dire non 1000 fois (chacun !) aux « vendeurs du temple ».
Les inclassables :
Une anecdote pour commencer cette rubrique : Le passage du train !
Lors d’une de nos trop nombreuses heures sur la route, nous assistons à une scène incroyable : une voie de chemin de fer / un train / tout le monde s’arrête (jusque là, tout est ok). Et alors là, viennent s’agglutiner en rangs serrés voitures, scooters, vélos, motos des 2 cotés et sur les 2 voies (de la route, pas du train !) ! Bref quand enfin les barrières se lèvent : impossible à quiconque d’avancer ! Il faudra 10 fois plus de temps pour repartir pour tout le monde ! La logique indienne !
Nous croiserons plusieurs mariages >> ici << et >> ici << par exemple.
Le paysage est hérissé d’antennes GSM. 30 % de la population n’a pas accès à des toilettes mais 50 % de la population a un téléphone portable ! Et même dans le désert, la couverture est bonne !
Un « Notary Public »
2 c’est mieux comme disait la pub… Mais avec les sabots … est-ce bien vrai ?
De jolies roussettes… des chauves souris immenses lorsqu’elle se déploient, et qui logent par centaines dans les arbres !
Proche de Delhi, le magnifique circuit de F1 !
On est prévenu !
Avec Upsana (à droite), son mari et sa Maman. Les responsables de notre agence de voyage.
Et bien moi aussi j’y ai droit : aux photos … mais avec des mecs ! 😦
Non vous ne rêvez pas… le cheval est bien déguisé avec une trompe d’éléphant ! A l’époque, les éléphants étaient utilisés lors des batailles. On les dressait à frapper les chevaux adverses avec des sabres . Parer les chevaux ainsi « trompaient » les éléphants qui pensaient alors qu’il s’agissait éléphanteaux.