Ici nous sommes loin, très loin du reste du monde…
L’Ile de Pâques est souvent appelée Rapa Nui, nom polynésien qui n’est pas pascuan d’origine. Ce point du globe, le plus éloigné d’un continent (3700 km des côtes sud-américaines), nous l’attendions, nous l’espérions. Et ce petit bout de terre de 166 km2 possède un unique village, Hanga Roa, en périphérie duquel nous posons nos valises après avoir été accueillis à l’aéroport avec les traditionnels colliers de fleurs par Christophe, français installé ici depuis une vingtaine d’années. Avant de gagner notre logement, une maisonnette dans un jardin soigné, à deux pas de la mer, Christophe nous guide dans le village, présentant les commerces, restaurants, port et plage… Et déjà les premiers Moai (les grandes statues)… Ce soir-là, à deux pas de notre location, nous descendons à Ana Kai Tangata ou « grotte des cannibales », au plafond de laquelle ont été peints des hommes-oiseaux.
Arrivée chez Christophe, accueil traditionnel avec les colliers de fleurs. Arthur a toujours ses béquilles.
La première rencontre des Pascuans avec les Européens a eu lieu en 1722. Un amiral Hollandais, Jacob Roggeven, a découvert l’Ile au soir du dimanche 5 avril, jour de Pâques, et si le premier contact fut amical, 10 Pascuans furent tués par la suite, un marin ayant pris peur. Et s’ils découvrirent l’île avec ses statues debout, les navigateurs qui les suivirent constatèrent d’importants bouleversements internes de l’île qui précipitèrent cette société dans l’anarchie.
La légende dit qu’une guerre sans merci opposait les Courtes-Oreilles, dominés et oppressés aux Longues-Oreilles et que les Pascuans ont sans doute détruit leur environnement, à commencer par les arbres (transport des Moai, crémation des corps). Un péché d’orgueil fou, les Moai, ont abouti à la destruction de l’environnement puis à l’autodestruction de cette petite société, accélérée ensuite par l’expansion européenne, passant alors de plusieurs milliers à une petite centaine… Théorie réfuté par certains spécialistes : « je ne crois pas à son histoire d’effondrement. Tout simplement parce que personne n’a jamais coupé d’arbres pour transporter les Moaï. La tradition orale rapporte qu’ils ont marché jusqu’à leur destination, et c’est très probablement le cas ».
Mais en ce cas, à quoi les Rapa Nui doivent-ils leur quasi disparition ? « Quand Roggeveen, le premier étranger, débarque en 1722, il rencontre un peuple prospère, debout dans sa culture. Deux générations plus tard, quand les Espagnols reviennent, c’est le désastre. Notre hypothèse est que les maladies apportées par les Hollandais ont ravagé l’île. Les épidémies provoquées par l’irruption des Européens ont été la principale cause de décès liés à la découverte de terres et de peuples nouveaux. Les autochtones n’étaient pas immunisés ». C’est donc au choc microbien, qu’il faudrait attribuer l’effondrement de la civilisation pascuane ?
Au volant de notre Jimny, une micro voiture qui nous rappelle quelques souvenirs (nous en avons eu une alors que Servane n’avait que quelques mois), nous allons, impatients, sur la route de la côte sud pour découvrir les premiers sites : Vinapu, composé de deux ahu (plate-forme cérémonielle de pierres destinées à recevoir un Moai) qui tournent le dos à la falaise, Hanga Te’e avec ses 8 statues couchées face contre terre, Akahanga où deux ahu encerclent une petite baie. L’un compte 5 statues renversées et l’autre au moins 16. Et presque au centre de la baie, une grande statue qui devait être en cours de livraison (car elle n’a pas ses yeux ouverts) gît face contre terre….
Kilomètre après kilomètre nous nous rapprochons de Rano Raraku, la carrière des Moai. Sur les pentes de ce volcan, de l’an 1000 à l’an 1680 d’énormes statues (près de 900) ont été façonnées, plusieurs dizaines de ces œuvres imposantes encore accrochées au volcan ou ensevelies (parfois partiellement comme on peut le voir sur les photos). Tout est impressionnant ici. On reste subjugués, le site est probablement l’un des plus magique de la planète, jusqu’à son lac intérieur…
Un aperçu du lac intérieur et de ses chevaux sauvages >> ici <<
Les Moai en chiffres :
- Le plus grand, Te Tokonga, couché dans la carrière mesurait 21,60m pour 180 tonnes estimées
- Le plus grand Moai érigé, Te Paro, mesurait 9,80m (sans son pukao ou coiffe), 74 t
- Le plus grand Moai jamais transporté (et brisé en cours de route) mesure 11m de long.
A moins de 2 km de la carrière, le plus prestigieux de tous les ahu de l’Ile de Pâques est celui de Tongariki dont les 15 statues font face au Rano Raraku (la carrière). Saccagé lors des guerres de clans puis dispersé par un raz-de-marée en 1960, le site fut restauré de 1991 à 1993 avec l’aide d’une firme japonaise, fabricant de grues avec ce slogan : « Tadano redresse même l’histoire » ! Le lendemain, nous y retournerons au petit matin, en amoureux, attendant que le soleil s’invite et éclaire les Moai…
Ce soir-là, après un petit tout à la plage de Hanga Roa (une minuscule crique de sable volcanique) où Arthur nage avec ses premières tortues, nous allons admirer le soleil se couchant sur le complexe cérémoniel de Tahai : d’un côté l’ahu Vai Uri et ses cinq statues, de l’autre l’ahu Tahai et sa statue unique. Ce site est sans doute le plus populaire, le soir venu, rassemblant touristes et locaux.
Dans cette petite baie, nous découvrons le port, où les pécheurs préparent leur poisson >> ici << et une petite plage où les tortues ont leurs habitudes…
Arthur passera des heures dans l’eau à nager avec les tortues >> ici << et à jouer les équilibristes >> ici << !
Mais notre découverte s’arrête pas là, il y a encore tant à comprendre, tant à admirer : longeant la forêt d’eucalyptus, au cœur de l’ile, nous gagnons les sites de Papa Vaka, un site de pétroglyphes, qui bien que difficiles à « lire » car effacer par l’érosion et le piétinement, révèle parmi les plus grandes et nombreuses figures comme le poulpe, les tortues, pirogues… gravées dans la pierre… Les bandes de chevaux à demi sauvages sont, comme partout sur l’île, omniprésents.
Dans la baie de la Pérouse (ce navigateur français y fit une brève escale en 1786) on aborde le site de Te Pito Kura avant de rejoindre la plage d’Anakena dominée par l’ahu Nau Nau, partiellement restauré. Les mégalithes ont pour la plupart été façonnés dans la roche du volcan Rano Raraku. Le choix de ce matériau tient à son extraordinaire malléabilité : composé de cendres volcaniques compactées et de petits morceaux de basaltes, il se prête parfaitement au travail de la pierre. Les statues étaient entièrement réalisées dans la carrière et ensuite transportés à leur destination finale où, une fois hissés sur leur ahu, des yeux leur étaient ajoutés ainsi qu’une coiffe ou chignon en tuf rouge, Pukao, qui était posée sur certains d’entre eux. Sur cette plage de sable blanc, nous profiterons du soleil et d’une eau bleue et fraîche.
Cette île compte une soixante de cônes, attestant d’une intense activité volcanique, aujourd’hui éteinte et dont les trois plus grands sont le Poike à l’est (370 m), le somptueux Rano Kau à l’ouest (324 m) et son cratère quasiment parfait, le Maunga Terevaka au nord (511m) que nous avons entrepris de visiter à cheval : dans la wish list, nous pouvons donc valider « balade à cheval sur l’île de Pâques » ! Départ en milieu de matinée pour 2 bonnes heures (nos fessiers sont mis à rude épreuve !) en direction du haut du volcan offrant une vue panoramique sur l’île. Nous en avons bien profité, mines réjouies et cuisses affutées !!
Toute la famille à cheval pour réaliser un rêve : découvrir l’île lors d’une grande balade >> ici << et devinez qui prend la tête au galop ? >> ici <<
Retour en pick up, la sécurité est un peu loin de ce que nous connaissons en Europe ! Pas de ceinture, pas de casque, et souvent beaucoup de monde dans les bennes…
Les Moai étaient – et on le sait aujourd’hui avec certitude – des représentations d’ancêtre célèbres qui, tournant (pour la plupart) le dos à la mer, protégeaient leur clan, et tous avaient un nom. Installé sur une plate-forme sacrée appelée ahu, également lieu de sépulture, le Moai portait la responsabilité de la partie du monde qu’il regardait. A l’exception des Moai de Ahu Akivi qui sont les seuls à regarder vers la mer et que nous admirons au retour… encore un mystère….
Cette soirée-là nous assistons à un spectacle de danses « traditionnelles », 1heure30 d’un show bien rôdé, dynamique, généreux et entrainant. Mais voyez plutôt :
On commence par une danse féminine >> ici <<, puis les hommes >> ici <<
Et qui montera sur la scène ??? >> ici <<, puis le final >> ici <<
Notre séjour touche à sa fin, nous profitons du soleil, fidèle, et notre dernière marche nous la débutons sur le sentier qui fait face à notre hébergement, grimpant le volcan Rana Kau qui renferme dans son cratère les joncs emblématiques dont les Pascuans faisaient leurs bateaux. Sur l’arête du cratère nous gagnons le village d’Orongo, restauré de 1974 à 1976. Il regroupe une cinquantaine de maisons à l’architecture très particulière. Elles ont été construites à l’aide de fines dalles de pierre superposées. Les Rapanui les avaient dotées d’entrées extrêmement basses et étroites où ils pénétraient en rampant.
La cérémonie de l’homme oiseau se déroulait de juillet à septembre, pendant le printemps austral, période de ponte des hirondelles de mer. Il s’agissait d’un concours dont le but était de recueillir le premier oeuf de la saison. Les participants nageaient 2 km jusqu’à Motu Nui, dans des eaux particulièrement dangereuses car infestées de requins. Une fois sur l’îlot, ils attendaient des semaines d’y découvrir le premier œuf du printemps.
Le gagnant, où l’homme représenté par le gagnant, obtenait alors le titre d’homme-oiseau. Erigé à l’état de demi-dieu, on le disait envoyé par Make Make, la divinité suprême. L’homme-oiseau devenait pour une année, l’interlocuteur entre les dieux et les hommes. Le site archéologique d’Orongo en possède des centaines de représentations.
En 2005, Kevin Costner produira un film qui retracera cette histoire. Ce film est dispo sur YouTube : >> ici <<
Nous sommes touchés par la beauté du cratère, sa lumière, son immensité… Nous parcourons le village avec hâte car les enfants qui sont restés à la location nous attendent ; ils remonteront, en voiture, jusqu’au sommet du volcan un peu plus tard avec Alexandre. Il fallait qu’ils voient cela !
Ces quelques jours sur ce confetti en pleine mer ( à peine plus grand que Belle-Île ) nous aurons permis d’aller à la rencontre, de connaitre et mieux comprendre ce qu’un petit peuple a vécu ici : une expérience hors du commun, hors du temps, sans aucun doute unique dans l’histoire de l’humanité. On ne repart pas de Rapa Nui sans se sentir immensément chanceux…
Jolie croix Polynésienne. Le catholicisme est très présent sur l’île comme partout en Amérique du Sud.
Les inclassables :
Nous croiserons une famille française qui réalise aussi un tour du monde avec leur 2 enfants. C’est toujours un plaisir d’échanger quelques mots avec de telle familles. Nous échangeons rapidement nos coordonnées. Leur particularité ? Ce sont les enfants qui réalisent les posts du blog chaque jour : http://hakanana.blog.free.fr/. Leurs petits camarades d’école ouvrent chaque matin le blog pour partager leur aventure.
Makoko, la fille de Christophe en habits traditionnels réalisés par sa maman.
De nombreuses carcasses de chevaux sur l’île. Les conditions de vie sont rudes y compris pour les chevaux. Pas beaucoup d’eau, pas beaucoup de nourriture.
En 2005, Kevin Costner produira un film qui retracera cette histoire. Ce film est dispo sur YouTube : >> ici <<
Pour rappel, il est interdit de favoriser le piratage (même des films de Kevin Costner) 🙂
Je crois que le pauvre aurait bien aimé être piraté un peu car le film n’a pu eu un grand succès !!! Il est cependant tres intéressant à regarder au rapport de la découverte de cette île magnifique !
Merci pour cette tranche de vie toujours aussi intéressante.Cela nous permet de prendre le large quelques instants le temps de lire et d’apprécier chacune de ces photos.
Ia ora na ! à toute la famille Gérard.
Nous attendons avec impatience votre prochain post!
māuruuru!
Merci les Gérard. Nous voyageons avec vos récits ! Bises à tous !
Toujours autant de fraicheur sur ces posts… et encore des paysages hors du commun..
J’espérais juste voir Alex sur la scène … ou partir au galop !!!
Merci la famille Gé.
c’est tout simplement somptueux !… grâce à vous on voyage par procuration … c’est mieux que l’indécrottable thalassa !
bravo à maël l’aventurier qui chevauche cet ancêtre marin !
enjoy and take care
biz des valmalle
MERCI POUR CE PARTAGE . C’EST DEVENU UN RITUEL AVANT DE PARTIR LE MATIN
JE ME LIS LES RESUMES, BISES A VOUS 5. FOREST FAMILY ST LU