Voici quelque minutes que je pose les mots, les reprend, tente d’articuler mes idées… mais les quelques jours qui viennent de s’écouler, hors du temps, loin de nos préconçus, avec, à portée de main, l’essence de la vie me laissent dans l’incertitude de pouvoir retranscrire fidèlement…
C’est pleins d’espoir et pourtant déjà convaincus de notre chance que nous arrivons sur L’Amazon Dream, bateau de construction typiquement amazonienne, qui nous révèlera l’incroyable fleuve Tapajos, depuis les surprenantes plages découvertes par la baisse des eaux jusqu’aux rencontres dans les villages reculés qui jalonnent le fleuve. Et j’ai bien peur que les mots pour conter cela n’aient pas encore été inventés… Il faut le voir pour le croire ! Bon, je me lance, par avance frustrée de ne pas pouvoir mieux partager.
Mercredi après-midi, après l’accueil à l’aéroport, le trajet qui nous mène jusqu’au quai où est amarré le bateau est l’occasion d’une première découverte de la ville, située au confluent de l’Amazone et du Tapajos.
À notre arrivée, Bernard, l’armateur, nous reçoit à bord de l’Amazon Dream, et nous découvrons nos cabines situées à l’avant du premier pont. Autour de jus de fruits aux saveurs étonnantes, nous faisons connaissance de l’équipage, de Wilson, un guide brésilien de pure souche allemande et des passagers. Notre environnement est essentiellement francophone : armateur, majorité des passagers et certains membres de l’équipage qui s’appliquent à comprendre et répondre en français.
Après avoir largué les amarres et passé le contrôle de la marine brésilienne, barge située dans le cours du fleuve, nous glissons doucement vers la ligne de rencontre des eaux. En aval, sur des kilomètres, les eaux bleues du Tapajos s’enlacent avec les eaux jaunes de l’Amazone sans se mélanger.
Quelques heures de navigation, entre repos et contemplation et nous arrivons de nuit sur la plage d’Icuxi sur le fleuve Arapuns découverte seulement à la saison des basses eaux. La première nuit se passera « beachés » : la pente est si prononcée que l’avant du bateau peut venir se poser dans le sable.
Après le diner, délicieux, nous débarquons et marchons, à peine éclairés par la lune sur cette langue de sable. L’eau du fleuve est chaude, tant et si bien que les raies, venimeuses celle-ci, viennent se reposer dans les endroits de faible profondeur… méfiance…
Nous profiterons des soirées pour jouer aux échecs. Arthur progresse vite, très vite !
Au réveil du second jour, les plus matinaux marchent jusqu’à la lisière de la forêt, guidés par Bernard et Wilson, et c’est après le petit-déjeuner que nous nous baignons, une première dans ce fleuve aux eaux bleues-vertes et chaudes. Quel plaisir !
Sur cette bande de sable, les oiseaux nichent à même le sol.
En bateau nous naviguons en direction du Rio Jari d’où s’organise un départ en canot à moteur pour l’observation des oiseaux sur les berges du lac de Bragança. Des oiseaux de toutes les espèces viennent nicher dans les arbres sur les bords du lac. A cette saison, les eaux sont basses, les terres immergées 4 à 5 mois de l’année se couvrent de « prairies » où le bétail est transporté. Durant 6 mois les familles s’installent, une vie s’organise entre école, élevage, église et pêche.
Les moteurs des bateaux sont simples (du type de nos groupe électrogènes), ils sont montés sur une platine avec un axe, une grande tige permet de fixer une hélice que l’on dirait faite à la main. Ce moteur sert aussi à d’autres tâches comme le broyage du manioc.
Marée basse sur le fleuve, on ramène les bêtes pour brouter.
Les maisons traditionnelles sont en paille. Elles durent 4 à 5 ans.
Les autres sont en bois. Elles sont sur pilotis pour passer l’hiver.
L’église à gauche (on y voit le niveau « haut » des eaux). L’école dans les 2 salles de droite. Un bateau assure le ramassage scolaire.
Nous découvrons aussi un animal qui nous suivra durant tout le voyage avec ses copains : le vautour >> ici <<
Nous nous essayons à la pêche (nous avons à l’esprit le prochain gage) qui se soldera par la prise d’un poisson chat.
En fin de matinée, navigation vers Alter do Chao, les « Caraïbes au cœur de l’Amazonie ». Puis vient le mouillage à la pointe du Cururu (ou près du lac vert de janvier à août : une légende indienne raconte qu’une pierre magique cachée au fond du lac lui donne ces étonnants reflets bleu-verts). Baignade puis visite du village et de ses boutiques d’artisanat indien et cabocle.
Nous découvrons à cette occasion les armes locales : casse-têtes, crève-yeux, lances, arcs, sarbacanes…
Ici Arthur simule le rite initiatique du passage à l’âge adulte : mettre la main 2 minutes dans une « poche » remplie de fourmis… l’épreuve est terrible. Car en effet ici l’animal le plus craint est la fourmi. Elle dévore tout. Une des premières consignes qui nous est donnée : lorsque l’on marche sur des fourmi,: on court, vite, et on ne s’arrête sous aucun prétexte !
Étonnant village où on interpelle la population sur l’importance du vote…
…où l’équipe des dauphins roses affronte l’autre équipe dans des grands concours de danse qui durent des jours (Eh oui les dauphins roses existent ici, nous en avons vu à plusieurs reprises)…
… où on interdit la musique (cad la sono à fond la caisse dans les voitures).
Le soir, direction le village de Maguari à la lisière de la forêt nationale de Tapajos.
A 7h, nous débarquons pour une marche en forêt primaire en compagnie de guides natifs de la communauté de Maguari, à la recherche des arbres géants. Nous traversons le village, découvrons l’art de la récolte de la sève d’hévéa qui produit le caoutchouc, >> ici << et allons à la rencontre des écoliers.>> ici <<
La randonnée nous emmène en forêt secondaire (celle qui a été un temps défrichée pour être mise en culture puis est revenue à l’état sauvage) puis en forêt primaire, protégée, jusqu’à trouver d’immenses arbres vieux de 600 à plus de 1000 ans. Nous revenons fourbus après près de 6 heures de marche et 17 kilomètres dans la chaleur tropicale… Si nous avons pu observer des oiseaux, rois de la canopée, des papillons bleus, des chenilles et profiter des talents de tressage de nos guides indiens, impossible de surprendre les singes agiles et les paresseux !
Allez, vous aussi, découvrez la ballade : >> ici << Un guide devant, un derrière et un au milieu… L’ouvreur veille en permanence : regard en haut, à droite et à gauche … Les consignes sont simples : on reste dans la trace du guide !
Un anti-moustique naturel >> ici << (Mais il faut vite les écraser sinon ça mord dur !)
Comment préparer la « paille » pour les maisons >> ici <<
L’arbre qui donne les fléchettes pour les sarbacanes. Elles sont trempées dans du curare.
Voici la fourmi qui permet de réaliser des sutures : on la positionne sur la coupure, elle mort, et on lui coupe la tête qui restera sur la peau. Celle ci est morte, sinon il ne la tiendrait pas comme cela. Je me suis fait mordre à plusieurs reprises par des petites fourmis, je vous assure qu’à chaque fois, j’ai battu des record de vitesse pour enlever ma chemise et trouver la bête.
Ces « cheminées » sont construite par des larves qui deviennent des cigales.
Sur cette photo une écorce d’arbre qui sert de papier de cigarette.
Un de nos guide trouve dans la souche d’un arbre tombé de la terre cuite. La preuve de les indiens habitent ici depuis très très longtemps !
Steph découvre comment communiquer à distance en forêt >> ici <<
La plante qui leur sert à se peindre le corps.
Incroyable : au détour du chemin on découvre une scierie ! En fait les cabocles sont très habiles, lorsqu’un arbre tombe naturellement, ils le débitent sur place à le tronçonneuse et en font des planches. Un travail d’orfèvre.
Ils connaissent parfaitement la forêt, la respectent et l’utilisent : >> ici << cet arbre sert de médicament
Quelle maîtrise, un sac à dos en 10 minutes : Début, à 5 min, au final !
Maëlle aura vite son éventail et son sac à main !
Autant vous dire que l’après-midi sera dédiée à un repos bien mérité !! Une dernière visite au village pour les uns avant de nous diriger vers le lac de Bragança, où vivent les indiens Munduruku. Le gros orage qui enveloppera toute la région ce soir-là ne nous permettra pas d’aller, de nuit, observer et capturer le crocodile.
Nous sommes samedi et le programme de cette matinée est varié : rando en forêt primaire, la jungle à l’état pur, observation de la faune grâce à une marche sur les bandes de terre découvertes par l’eau se retirant à cette saison, et pour nous, pêche avec les indiens Munduruku, dans un premier temps dans l’annexe du bateau ensuite dans une pirogue pour Alex et Arthur. Nous passons quelques heures à chercher le piranha, bien sûr, et seule l’équipe Munduruku/les garçons transformera l’essai ! L’orage de la veille aura sans doute troublé le sommeil de poissons qui s’accordent une grasse mat’… (il faut bien que quelqu’un porte le chapeau non ?).
Nous pêcherons de drôles de poissons >> ici <<
Quelle dextérité dans le maniement de la pagaie >> ici <<
C’est néanmoins l’occasion d’un moment d’observation et de découverte, hérons blancs, poules d’eau, libellules, ibis… habitants d’un paysage aux lumières changeantes. Bernard, disponible et attentionné, nous accompagne.
En fin de matinée, nous nous retrouvons tous au village à quelques centaines de mètres de la berge, traversant le terrain de foot où paissent les vaches, circulant sur la piste nouvellement réalisée pour gagner la place où se dresse un apéritif apporté par l’équipage agrémenté de délicieux poissons pêchés et grillés par les Munduruku.
La bibliothèque
L’école des grands.
La « petite » église. Ici on est souvent animiste et chrétien… en même temps !
La classe des petits… sous l’arbre !
Le chef du village nous présente une « prise ».
Les rencontres qui s’en suivent sont uniques, le chef du village nous racontant l’œuvre d’un des esprits de la forêt >> ici << pendant que les garçons du village tentent un rapprochement avec Servane… Et le concours improvisé de tir au lance-pierre, remporté par Xénia, une passagère inexpérimentée, rassemble le plus grand nombre sur le terrain de foot !!
Après le déjeuner qui se prend dans la salle de restauration au second pont, nous naviguons vers Vista Alegra, ce qui nous permet une nouvelle fois d’admirer ce fleuve parfois large de 20 kms (tant et si bien que l’on a souvent l’impression d’être en mer !)
pour arriver à « aldeia » ou village des indiens Cumaruara. Une fois le bateau arrimé, le bain s’impose, l’eau est verte et claire, le sable à peine jaune. Arthur et Alex révisent leurs gammes de skieurs dans la baie.
Un grand Kif : faire du ski au milieu de l’amazonie ! >> ici <<
A la nuit tombée nous prenons les annexes >> ici << et zigzaguons dans les méandres de la rivière pour aller assister à la soirée donnée par les indiens : danse du tipiti et carimbo (danse officielle état du Para, le Para étant le nom de cette région). Mais admirez plutôt :
Bernard, l’armateur et pour cette semaine notre responsable de croisière est accueilli ici avec bienveillance et respect, dévoué et respectueux qu’il est pour toute la population indienne. Cet homme passionné et passionnant se laisse émouvoir, touché par l’accueil (un poulet et un gâteau ont été cuisinés pour lui !) de ceux qu’il connait depuis des années et avec qui il partage de façon privilégiée.
Au matin nous regagnons ce même village pour découvrir la vie quotidienne et la préparation de la farine de manioc, base de toute l’alimentation locale. Ce travail harassant est l’une des rares sources de revenu de cette tribu. Les sacs de 50 kilos sont vendus à un tarif élevé en ce moment, 100 reais (soit environ 38 €) contre seulement 20 reals l’an passé. La plantation du manioc est simple, il lui faut 6 à 7 mois pour pousser, le tubercule est arraché lors qu’il a la dimension d’une grosse aubergine et « traité » dans la journée : 7 à 800 kilos arrachés, épluchés, râpés, égouttés, tamisés puis séchés permettrons de remplir 4 ou 5 sacs… Les jours de récolte, toutes les générations sont réunies pour ce travail. Nous demeurons admiratifs et humbles.
- Épluchage >> ici <<
- Nettoyage>> ici <<
- Broyage >> ici <<
- Essorage >> ici <<puis >> ici <<
- Tamisage >> ici <<
- Cuisson >> ici <<
Un coup d’œil à l’artisanat local (des bijoux fabriqués avec les graines de la forêt) et nous traversons le village, depuis l’église où les mariages se célèbrent une seule fois par an, lorsque le prêtre vient, à l’unique et récente cabine téléphonique alimentée par panneau solaire (les rares appels sont pour l’hôpital, lorsqu’un accident ou une morsure de serpent surviennent, et l’ambulance, si elle vient, n’arrive pas toujours à temps…), en passant devant l’école : nous sommes ici en « zone d’éducation prioritaire », un professeur pour 6 élèves dans un bâtiment spacieux et fonctionnel. Le gouvernement fourni les uniformes et un repas pour tous.
L’ancienne école est aux couleurs de l’ancien parti au pouvoir.
Donc lorsque le nouveau gouvernement passe il en fait construire une nouvelle… à ses couleurs !
Les feuilles sont sèches et prêtes à faire un nouveau toit.
Nos pas nous mènent en forêt, dans le lit d’un cours d’eau asséché (ou presque). Nous y croisons un serpent corail dont la morsure est mortelle, que notre guide indien au regard perçant délogera et tuera au pied d’un arbre. Ouf ! >> ici <<
Encore quelques mètres et surgie devant nous une clairière traversée par un « iguarapé », une rivière peu profonde qui serpente quelques kilomètres jusqu’au lac Anuman. Emmenés en pirogue par 1 ou 2 indiens Cumaruara, c’est un parcours magique qui s’offre à nous, au cœur de la forêt, coupés du temps, à mille lieux de la fureur et du bruit. Images d’Epinal au cœur de l’Amazonie.
Allez on embarque >> ici << avec Arthur.
On peut même vous proposer de mettre la tête sous l’eau >> ici <<
Pour l’anecdote, c’est d’ailleurs ici que notre linge aura été lavé : en effet les femmes indiennes ont lavé, séché, repassé ( !) le linge emporté tôt le matin. >> ici <<
Autre anecdote, 15 jours avant notre passage un cabocle s’est fait attraper la jambe dans ce même endroit par un anaconda de 3 mètres. Il a fallu tuer la bête… Oui c’était un peu dangereux pour les enfants !
En notre absence l’équipage nous a préparé une nouvelle surprise, et c’est un déjeuner sur la plage qui nous attend, caipirinha, grillades de viande, ananas grillés. Les pieds dans l’eau ou à l’ombre des arbres, nous savourons ce moment partagé avec les 10 autres passagers, Bernard et Wilson, livrés aux bons soins de la cuisinière.
Un déjeuné accompagné de jolis papillons >> ici <<.
Seule une raie viendra troubler ce début d’après-midi en piquant violemment un passager. C’est un choc et une douleur aiguë qui le mèneront au centre anti-poison. Après quelques heures, l’inquiétude passée, les médicaments ayant agi, nous le retrouveront soulagé et en forme.
Georges joue avec les enfants dans l’eau quelques minutes avant d’être piqué… Une douleur incomparable !
Pour cette dernière soirée, malgré les impondérables, nous allons vivre un moment d’exception avec une soirée sur la plage de Pindobal (à quelques encablures de la cité d’Alter do Chao), piste de danse et ses danseurs traditionnels, groupe de musique, rotonde creusée dans le sable en lieu et place des tables et chaises…. Une nouvelle fois nous nous sentons incroyablement privilégiés, à la fois « seuls au monde » et si merveilleusement bien accueillis ! Bravo Bernard ! Bravo L’Amazon Dream !
- Les danses >> ici << et >> là <<
- Puis on se met tous au pas Brésilien >> ici <<
- Arthur … mais que fais-tu ? >> ici <<
La tête pleine d’étoiles, le cœur chaviré nous profitons de cette dernière nuit au mouillage.
Les enfants décident de sauter du bateau, plus haut, encore plus haut… >> ici <<
Arthur sautera même du haut du bateau !
Cette journée de lundi a l’amertume des au-revoir, les bagages bouclés nous profitons encore un peu de la navigation qui nous ramène à Santarem, non sans songer que nous avons encore beaucoup à apprendre de cette région, de ses indigènes… Il est difficile de partir…. Et déjà nous nous imaginons revenir… Qui nous accompagne ????
Un truc de malade…………. votre post me laisse sans voix tellement nous avons envie d’être avec vous !!! Grosses biz
Euh le dauphin rose c’était après combien de caïpirhinas?…
Trève de plaisanteries merci pour ce récit fantastique ! Digne d’un Rendez-vous en terre inconnue !
Les enfants à vous de donner vos impressions sur vos blogs ! On attend !
Gros bisous des filles Macé ce matin pour vous avant départ à l’école !
Formidable récit ! je suis d’accord avec tataEmma pour le rendez vous en terre inconnue !
Le dépaysement est total, les photos et les vidéos confirment le tout !! Le tressage des paniers nous a rappelé les femmes de l’Ile des Pins que de beaux souvenirs. Ici l’automne s’installe petit à petit, les feuilles changent de couleurs c’est moins fantastique à vivre, nous pensons bien à vous d’ailleurs ce matin nous penserons particulièrement à stéph, puisque nous allons courir à Touffou.
bisous à vous.
Merci de partager cette belle aventure…!! Je me régale de vos photos et des commentaires qui vont avec…!!! Bizzzzes à toute la famille.
Tof..